photoochloe

Context

Côté Jardins Solidaires est une association familiale implantée à Nîmes depuis 1998.  Elle mène des actions pédagogiques d'animation sociale, de sensibilisation à l'écologie, la biodiversité et la santé.

2000 mètres carrés de terrains sont cultivés par des personnes en réinsertion socio-professionnel. 

En 2024, les jardins solidaires ont fusionné avec l'association Samuel Vincent. 





Images archives vues du ciel

Gilles Clément 

"Bien sûr, ça s’appelle jardin parce qu’il y a un jardinier. Un jardin, ça a à voir avec l’enclos, avec le meilleur et le paradis. Le jardin en mouvement privilégie les dynamiques dans l’espace, les changements de place des plantes, mais il n’interdit pas le travail du jardinier. On ne laisse pas tout faire.

Dans un jardin, l’homme intervient, mais il fait avec la nature et non pas contre elle. Faire le plus possible en allant le moins possible contre les énergies en place. Les jardiniers savent depuis des siècles que la maîtrise de la nature est une illusion. La nature transforme et invente sans arrêt."

"L’écologie nous met en condition de partage et d’égalité. Si on a conscience de la finitude spatiale, de l’interdépendance, et si on prend des mesures en conséquence, on devient jardinier."

"Oui, c’est l’accroissement de la conscience et de la connaissance. C’est très positif. La multiplication de ces initiatives, apparemment minuscules, permet la construction d’un futur plutôt que l’expression d’une inquiétude. Ça installe une structure, une économie, une pensée complètement différentes de celles qui dirigent le monde aujourd’hui."

"nous vivons sur une planète qui est ou peut être une sorte de jardin sans mur mais néanmoins fini : l'enclos planétaire, qui n'est autre que la biosphère, dans un monde spatialement et volumétriquement fini et limité, occupé par des jardiniers plus ou moins bons et responsables (l'humanité)"

notions jardins planétaire :

"La troisième tient à la définition du mot jardin qui signifie à la fois enclos et paradis . Nous ne pouvons nous prononcer sur la notion de paradis mais l'enclos est une réalité concernant le « vivant » tel que nous le connaissons. La biosphère est une petite épaisseur sur la surface de notre planète, seul espace connu d'expression du « vivant », limité à la troposphère vers 11000m au dessus du niveau de la mer et 8000m en dessous."

"A travers les jardins de résistance se définit un art de vivre qui ne concerne pas seulement la question du jardin mais, d’une façon globale, le rapport de l’homme à son environnement social et biologique"

Jeu de Paume cours 

Le paysage ne doit pas être qu’une image, mais quelque chose que l’on comprends dans sa fabrication, dans son état physique voir scientifique (anatomie, on ne fait pas que représenter le corps humain mais on veut comprendre comment il est fait de l’intérieur).

On repense les relations entre la nature et la culture, la nature n’est plus un élément étranger à nous et on repense de nouveaux modes de relations. On ne considère plus les éléments comme des choses extérieurs à nous -> on déplace notre regard. en se rapprochant du sol = on rentre dans la ma?ère et on voit de quoi le paysage est fait.

on bascule le point de vue = point de vue surplombant rasant ; fait apparaitre le micro scopique, comme si on était du point de vue d’un animal. En essayant de creuser avec l’objectif on arriverait à savoir de quoi le paysage est fait.

Def territoire/paysage ENSL

La photo par son cadre met en évidence les rapports d’échelle entre corps et le paysage, voir floutent les contours entre la frontière du corps et de la terre.

Il s’agit toujours dans ce qu’on a vu d’une nature qui est habitée, porteuse d’une histoire, façonnée par l’activité humaine et donc s’apparente à un territoire

Def d’après euducole et l’école national supérieure de Lion : Notion de territoire comme une matrice culturelle, c’est le lieu que l’on s’approprie mais au sens figuré sans frontière donc qui est fait de mémoire collectives, d’attachement et de sentiment d’appartenances.

Le paysage = regard qui est porté sur, qui est cadré qui est vue depuis un observatoire alors que le territoire c’est le lieu que l’on vit que l’on arpente, dans lequel on se projette.

Def Territoire :

Dans leur dictionnaire, Pascal Baud, Serge Bourgeat et Catherine Bras (2024)donnent 3 aspects de la définition de territoire ;  "tout espace socialisé, approprié par ses habitants, quelle que soit sa taille"


 Roger Brunet et Hervé Théry écrivent : « Le territoire est à l'espace ce que la conscience de classe est à la classe : quelque chose que l'on intègre comme partie de soi [...] » et « La notion de territoire est donc à la fois juridique, sociale et culturelle, et même affective. Le territoire implique toujours une appropriation de l'espace : il est autre chose que l'espace. »

Hervé Brédif cite Joël Bonnemaison (1995) : « Le territoire peut être défini comme l’envers de l’espace. Il est idéel et même souvent idéal, alors que l’espace est matériel. Il est une vision du monde avant d’être une organisation ; il relève plus de la représentation que de la fonction, mais cela ne signifie pas qu’il soit pour autant démuni de structures et de réalité".


réelle importance : le rapport des sociétés au vivant 




à la lisière des jardins


culture urbaine

Selon Charles Redman et ses collègues (2004), un système socio-écologique est un système complexe et dynamique en perpétuelle adaptation dont les facteurs biophysiques et sociaux interagissent de manière régulière.


Issus d'élans de solidarité, les premiers jardins d'insertion apparaissent au début des années 1990 pour faire face à la montée du chômage. Aujourd'hui, dans toutes les régions, les jardins d'insertion ont des objectifs multiples : insertion sociale et professionnelle, création de lien social et promotion sur leur territoire d'une agriculture respectueuse de l'environnement.

Ateliers femmes 

territoire

nature habitée, porteuse d'histoire, de mémoire collective, d'attachement et de sentiment d'appartenance, enclave, en quête du paradis

renversement du point de vue

creuser avec l'objectif, creuser les âmes

rapport biologique à la terre

rapport de l'homme à son environnement sociale et biologique, retour à l'essence de la vie pour mieux recommencer, reconstruction et le changement est possible. 

phrases qu'ils m'ont dites


"ça fait du bien de parler" - Simone

"un bouquet de radis c'est mieux qu'un bouquet de fleur

"et alors il est ou mon trésor ?"

"tu lui apprends le français ?" "oui , il a beaucoup appris"

"avant je n'aimais pas le choux fleur mais celui d'ici je l'aime bien"

"elle me dit ; fait chier cette pluie. Mais non heureusement qu'il y a la pluie, c'est elle qui fait tout"

"faudrait mettre des fleurs ici ça va être jolie"

"j'ai demandé à venir ici"

"j'ai des cours de français, c'est drôle ma petite fille de 1ans parfois c'est elle qui me corrige"

"regarde la carotte elle danse"

"qui veut monter dans ma brouette?"

"t'un jus comme dirais Chez nous" "on appelait ça du jus de chaussettes"

texte 

Simon croit qu'il y a un trésor caché quelque part dans le jardin. Tous les jours, elle demande "Alors il est ou mon trésor ?". Moi, je crois qu’elle l’a déjà trouvé, mais elle ne le sait pas encore.

Ici, les interactions sont très brèves, plus rien ne compte, à part la terre. J'ai remarqué qu'entre eux, ils ne se regardent que très peu. Leurs yeux sont rivés sur leurs mains, absorbés par la "danse des épinards" comme ils disent.
Chacun se relais, demande si l'autre à besoin d'aide, veilles à bien répartir équitablement les légumes dans les paniers. On ne remplit pas que le sien, mais ceux des autres aussi. Entre eux, ils s'entraident, lorsqu'il y a un nouveau les autres le guide, lui montre les gestes à faire. Tous ces mouvements sont simples et deviennent mécaniques, donc agréables. Sam lui fait réviser son français "hier il a plu donc je n'ai pas travaillé", et il répète. 


Ici, les gens viennent d’un peu partout. Pour la plupart, ils ont demandé à être là, pour 1 an ou plus, le temps que ça prendra.
Ce jardin représente une pause dans leur vie, une mise en suspens, le temps de remettre les choses en ordre. Ils ont vécu des moments compliqués, mais ils ne sont pas là pour parler de ça. Je crois même qu’ils ne se sont jamais vraiment posé la question, sur leurs vies d’avant. Un jour, j’ai demandé à un monsieur qui travaillait là « tu aimes faire quoi pendant ton temps libre ? » Il m’a répondu « j’adore dessiner, je fais des caricatures. » Les filles se sont exclamées « Mais tu nous l’avais jamais dit ça ! ». Je comprends donc que le jardin représente un renouveau, il y a un avant et un après. Sans trop s’en dire, ils savent pourquoi ils sont là.
Ils ne font que de me répéter de revenir lorsqu’il fera plus chaud, pour voir les fleurs. Ici, ils sont confrontés au temps long, à la lente évolution de leur territoire qui sera le fruit de leur travail. Simon tire une carotte du cageot, on dirait qu’elle a deux jambes, « elle est rigolote, on dirait qu’elle danse ».

Tout le monde s’arrête pour admirer la carotte qui brille d’un orange qui semble presque trop parfait pour être vrai. Les carottes du jardin sont petites, parfois toutes rondes, certaines tirent sur le violet ou le vert, elles ont une longue racine qui résiste à leurs pieds.
Cela fait maintenant plusieurs jours, peut être 7 au total, que je passe aux jardins, chaque matin, j’arrive vers 9 h 15, je ne sais jamais très bien sûr qui je vais tomber. Un jour, j’aperçois Sam qui me dit « Il n’y a pas grand monde aujourd’hui, tu vas être déçu… » je répond « si il y a toi ! » Il sourit, c’était la première fois qu’il me parlait.
Vincent me regarde très peu dans les yeux lui aussi. Parfois, il s’allume une cigarette et observe longuement le jardin, je me demande à quoi il pense. Je me souviens que le premier jour, je lui ai demandé comment c’était pour lui de travailler ici, il m’avait répondu que le plus compliqué étant sans doute le côté humain. Une fois, il était tombé sur un groupe souvent triste, alors forcément ça influait un peu sur lui aussi. 


J’ai souvent pu lire que le jardin symbolisait deux choses ; l’enclos et le paradis. Un enclos, car c’est un lieu délimité par une clôture, avec une porte d’entrée et de sortie. C’est un endroit où ils se rendent souvent, qu’ils commencent à connaître par cœur. Ils le modifient, le cultivent, le transforment. Chacun de leurs gestes va laisser une empreinte, ils prennent des décisions qui affecteront la structure, ils façonnent tout ça pour eux, mais aussi pour ceux qui viendront après. Car après eux, d’autres viendront et à leur tour appelleront cet endroit « mon paradis » peut être du moins pour une année. C’est un paradis éphémère qui se renouvelle. Je trouve que c’est assez rassurant de constater que notre paradis peut-être ou nous voulons, tout dépend de ce que l’on décide.
Le parallèle avec le paradis lui m’était est compliqué à saisir au début. De nombreuses croyances circulent autour de la construction du jardin, sur sa disposition qui respecterait les plans du paradis lui-même. L’eau étant son centre principale. Mais la notion de paradis est aussi propre à chacun. On peut vite appeler un lieu « notre paradis » lorsque pour nous, il symbolise un endroit où on se sent vivant et bien. Je me demande si c’est ici leurs paradis, je leur demanderais un jour.


Un jour, j’ai voulu aller voir ce qu’il y avait autour de ces jardins, ils avaient très certainement une bordure, une fin, même si je ne me l’étais jamais imaginé. J’ai marché jusqu’à arriver à une immense pierre. Une grosse pierre qui barrait la fin du chemin. Derrière elle, un petit chemin de terre surplombait une rivière. Je la suivis du regard jusqu’à arriver à la route. J’entendais le bruit des camions bien plus fort cette fois. Derrière moi, les jardins. Pour la première fois je le vis d’un peu plus haut, j’eus l’impression d’être immense, chose assez rare. Je vis tous ces petits recoins cachés qui m’étaient invisibles à travers les barrières même sur la pointe des pieds. Puis juste au-dessus à travers les branches surgit d'un immeuble. Je réalisai qu’aux milieux de ces routes, de ces bâtiments, enclaver au beau milieu de la ville se trouve la paix, le paradis.


Valérie Jouve 

expo Jeu de Paume « les images habites un espace pour nous emmener avec elles à reconsidérer notre monde, elles rouvrent des imaginaires qui sont aujourd’hui très minoritaires. Ce sont des images documentaire mais ce n’est pas du tout dans la mise à distance, sauf dans l’utilisation de la Chambre en Grand format, ce sont des images très émotionnelles, travaille beaucoup, le rapport a l’émotif et a l’affect est important. Contraste entre occupé et habiter. J’ai envie d’explorer ce que c’est que d’habiter, de s’inscrire dans un lieu, qu’est ce que c’est d’occuper d’autorité un espace."

"Je me sers de la photo pour remettre en mouvement notre vision du monde, qui a certain moment aurait une tendance figée et qu’une photo d’un coup va décaler notre regard ou montrer une façade ou un personnage en nous demander de changer nos habitudes dans la façon dont on regarde. La photographie me permet de remettre en mouvement notre façon d’être au monde, notre pensée au monde. »


Alfred Montesquiou

« Le documentaire permet de dire en suggérant »

« Un reportage raconte le monde, un bon documentaire raconte un point de vue sur le monde » et ça c’est une opinion 


Using Format